Bonne fête papa
Mon papa est parti
Du fond de l’Abitibi,
Droit vers le Paradis,
Par un beau soir d’abri.
Il était à bûcher
Un cyprès entêté.
Un coup de vent à pogné;
Il s’est fait écraser.
Quand ils l’ont relevé,
La ceinture éclatée,
Il était éventé,
Avait peine à souffler.
Alors il a crié:
C’en est fini pour moé;
J’vas lâcher ma journée
A moitié commencée.
Les gros chars l’ont am’né
Vers un lieu éloigné;
Puis ils l’ont ramené
Dans un coffre fermé.
Pendant trois jours entiers,
La visite n’a pas cessé.
J’me tenais a r’garder
S’il s’mettait à bouger.
Je l’ai vu s’éloigner
Par le chassis givré
Dans un corbi’lard vitré
Par n’journée poudrée.
Plus j’y pense, plus j’me dis
Que c’était mieux pour lui
De finir à midi
Que d’partir à minuit.
Mon tour vient moi aussi.
Je partirai vers lui
Droit vers le paradis
Par un beau soir d’avri.
©Gérard St-Arnaud