Luce Pelletier
LA RIVIÈRE EST ROUGE DE SANG
(pantoum) |
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La rivière est rouge de sang, Miroir au ciel indescriptible… Un jour s’arrêtera le temps L’existence sera paisible…
Miroir au ciel indescriptible En un crépuscule sans vent L’existence sera paisible… Le silence un apaisement…
En un crépuscule sans vent Les souvenirs irréversibles Le silence un apaisement… Image du futur visible
Les souvenirs irréversibles Un jour s’arrêtera le temps Image du futur visible La rivière est rouge de sang
© Luce Pelletier 25 février 2006 Paru dans le Carquois de mai 2006 |
canevas le canevas appliqué sur la peau le canevas séché d’or se déclinant sous l’iris mobile tous les parfums de la lumière en un écho à la question du temps la rage des dieux contenue le trait articule le souffle pur le vent le trait à l’algorithme parfait puisant sous la peau l’or biomorphe © Luce Pelletier mai 2010 |
geste le gant blanc (jusqu’au coude) barrière à la chaleur à la moiteur de la main nue le gant blanc jusqu’au coude une suite de gestes autrement sans importance une suite de gestes soulignant la moindre habitude soulignant le moindre désir après le geste quotidien après le geste quotidien de fermer la porte le gant blanc sur un plateau ou simplement par terre selon le geste suivant © Luce Pelletier mai 2010 |
je suis Babel au milieu d’étrangers en quête de la rondeur de la terre en quête d’un paradis mais par-dessous je suis Babel voyage au milieu d’étrangers en quête d’un paradis mais sous le ciel émergeant d’un océan hypothétique d’autres avant et d’autres après me reste le siège de l’invité près d’une fenêtre donnant sur le ciel ayant l’air de dire qui je suis alors que la soupe est servie © Luce Pelletier mars 2010 |
une forme de vie sur l’âme croûte de lune l’habitude de flâner sur le corps de la colline un songe versé dans la plaine sur la totalité du crépuscule essentiellement le passé oublié impossible à imaginer © Luce Pelletier octobre 2009 |
improbable retour sous le soleil sans être semblable égrener l’éternité et les cosses de pois apprendre les secrets de l’éternité dans l’art d’en sentir le contenu improbable retour apprendre le sens du mot prononcé dans la cohue inaudible dans la cohue alors que justement mon regard se collait à tous ces gestes pour en saisir le sens et que je cherchais à comprendre pourquoi tu étais si différent sous le soleil pourtant pareil ton être semblable se collant à ma peau © Luce Pelletier septembre 2009 |
rond de lumière le regard fixé sur un rond de lumière alors que la nuit s’étend et que le plancher craque les regrets reposant dans l’ombre accrochés aux murs du couloir la nuit fléchissant l’aube au creux des paumes l’âme s’assombrit le jour venu chuchotements de soie contre la peau perdue sous les doigts chapitre III © Luce Pelletier juin 2009 |
option une option indiquez le nom de votre ami les armes obligent le profit par l’épreuve le visage tombé indiquez votre courriel (et le sien) il est possible que vous tombiez de haut un commentaire sur un réseau de partage le « self-control » alimenté oser l’album du jour poursuivre le rôle laisser son nom adopter ce pseudo à faire rêver choisir la main qui prendra le téléphone s’il sonne « qui êtes vous? » se laisser tenter par le silence © Luce Pelletier avril 2009 |
le proche secret les contours flous d’une longue narration adoucie de moments d’une présence dans un ailleurs secret une parole chuchotée dans la fiction de l’aube une descente dans l’être où se trouvent des parcelles encore vives de jours que l’on croyait éteints © Luce Pelletier mars 2009 |
quelques secondes encore l’amour zigzague sillonnant un labyrinthe un trajet à la chandelle colorant le bleu de la nuit d’une ombre délicate quelques secondes encore respirer son âme quelques secondes encore © Luce Pelletier janvier 2009 |